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Festival Tissé Métisse 2015

« L’association Tissé Métisse agit contre les discriminations liées aux origines, au lieu de résidence et à l’exclusion sociale, dans l’entreprise et la cité. Par l’expression culturelle, l’éducation populaire ou tout autre moyen, favoriser la connaissance de l’Autre, le vivre ensemble, la solidarité dans le respect des principes de laïcité ».

Tissé Métisse.

C’est dans une ambiance conviviale et chaleureuse que s’est déroulée la 23e édition de la fête de Tissé Métisse à la Cité des congrès de Nantes de 16 heures à 1 heure du matin. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis rendue au festival citoyen Tissé Métisse. Dès que j’ai franchi la porte de la Cité des Congrès j’ai eu une agréable sensation de bien-être. Vous êtes plongés d’emblée dans un autre univers. Un immense arbre africain aux multiples couleurs chatoyantes vous salue dès l’entrée. Très bel arbre tricoté avec doigté par les femmes de l’association « Des femmes en Fil ». Interpellée par des sons je me dirige vers les notes de tambour et j’aperçois avec joie des enfants de tous âges accompagnés de leurs parents découvrant les percussions d’Afrique de l’Ouest (djembé, dunduns ), ateliers animé par l’association Tambour Battant.

Mon cœur ne sait déjà plus ou se diriger. Mon planning avait été préparé mais les multiples animations vous donnent envie de vous arrêter toutes les secondes. Ce sont plus de quinze concerts, de multiples rencontres et débats, expositions photographique, jeux pour les enfants, stands qui avaient été savamment organisés.

Je profite de ces instants précieux pour faire des photographies et m’imprégner de cette belle ambiance.

Ayant récupéré mon badge presse je me suis rendue au point presse ou Marina m’a accueillie avec gentillesse et bienveillance. J’allais ainsi commencer mon marathon d’interview. Comme me dit Marina : « Dis donc tu les enchaînes et c’est vrai Marina je les ai enchaînée ». Et oui j’avais très envie de les rencontrer ses artistes engagés, d’avoir leur point de vue sur la société. -

- 16h30 ma première interview : Wahib chanteur engagé, qui décrit la réalité et dénonce les injustices avec son mélange de rap engagé et de rock-grunge. Wahib met en lumière dans ses textes les injustices quotidiennes. Il me dit que c’est pour cette raison qu’il fait de la musique « c’est le seul moyen de débattre ». Il sait que la musique amène à réfléchir. Il carbure au son, aux notes et aux mots. Je lui parle du contexte ambiant en France il me dit que ça fait bien trois ans qu’il sentait les choses arriver. Je lui parle un peu de sa vie. Il me dit dans la conversation que s’est en entrant au collège qu’il s’est senti déstabilisé. « L’écoute n’étant plus la même, tu es livré à toi-même ». Je souhaite bonne route à Wahib.

- 16h45 Je fais la connaissance de l’acteur de théâtre Manu Lambert pour sa pièce « Match retour ». Très engagé, lui aussi, il dénonce l’amnésie des politiques qui manient l’histoire officielle pour faire apparaître que ce qu’ils veulent bien. Il me donne comme exemple le génocide rwandais. Il égratigne sans langue de bois Nicolas Sarkozy. Il dénonce l’absurdité de nos sociétés. Pour construire une pièce Manu Lambert se rend régulièrement au Togo, au Bénin et en Guinée il y joue aussi. Il discute avec les autochtones et c’est de là que j’aillit la lumière, l’étincelle qui va l’amener à s’intéresser et à écrire sur tel ou tel sujet. Il ne croit pas en la politique mais il croit à la force citoyenne.

- 17 h Une jolie interview m’attend avec Liz Cheral. Toutes les deux confortablement assises au fond de l’espace presse j’écoute ou Liz ou peut-être est-ce Liz qui m’écoute. Liz vous regarde d’un gentil regard. Elle m’avoue qu’elle a été surprise et très heureuse d’être contacté par le festival pour jouer ce soir. Je lui pose des questions d’actualité car nous avons tous été confronté au même drame. Les derniers attentats ont particulièrement ébranlé tous les artistes présents. Liz est de ceux-ci. Elle me confie qu’elle veut vivre dans une société ou on sort sans peur. Elle veut une société respectueuse, libre et égalitaire. Elle me dit que les gens aimants et solidaires sont plus nombreux que les autres.

- 17 h15 Minuit. Je rencontre des jeunes gens particulièrement humains en phase avec la société. Des personnes très empathiques. Tous les trois me disent avec conviction qu’il faut continuer à vivre même si les faits des derniers jours les ont particulièrement meurtris.

Que vois-je sur mon post-it je n’ai plus d’interview avant 18h45 ?

A moi le hall 800, les stands, la découverte des expositions photographiques … Je me rends dans le hall où j’aperçois les enfants s’amuser avec leurs proches sur des véhicules improbables, une île de jeu ingénieusement et féériquement construite. Des enfants jouent et rient, qui font tomber des cubes, marche avec des canards en bois. Il y a un seul hic je n’ai pas le droit de jouer, non !! Il est stipulé sur le panneau « jusqu’à 4 ans » .

Je me résigne et décide de prendre l’arc en ciel pour monter au premier étage. Arrivée en haut je découvre de nombreux stands, tout d’abord le pôle de Tissé Métisse « Lutte contre les discriminations dans l’accès au stage » . J’arpente le hall et m’arrête devant plusieurs stands « Jouer à Laïque’ Cité » (jeu pédagogique et ludique pour tous créé par l’association Regart’s ), un autre stand où des femmes tricotent, leurs créations sont belles et colorées … elles tricotent l’avenir « Les tricoteuses ». Devant moi je regarde les photographies réalisées par Jean-Felix Fayolle et Jérémie Lusseau des images issues de leurs parcours dans les quartiers populaires à travers l’Amérique du Sud (Mexique, El Salvador, Nicaragua), l’Afrique (Bénin, Burkina Faso, Libye, Togo), et Manille et Philippines. Très belles photographies et belle initiative qu’est la leur.

Je me rends salle 100 qui aborde « le vivre ensemble mis à mal en 2015 ». La salle est comble. Les gens essayent de comprendre les stigmatisations, les radicalisations, les peurs et les crispations de notre société au lendemain des évènements de janvier. Il est l’heure pour moi de retourner aux interviews. Mon regard est attiré par un stand où se trouve très soigneusement disposé des petits gâteaux qui me font de l’œil puis il y a cette agréable odeur d’épices qui flottent dans l’air.

- 18 h45 Rendez-vous avec HK et les Saltimbanks. J’ai des étoiles plein les yeux. Il me parle de ce monde déséquilibré, de ses combats déterminés. Il me dit que chacun d’entre nous doit se prendre en main et prendre ses responsabilités. C’est nous qui construisons notre monde, l’avenir est dans nos mains, nous citoyens de ce monde. Sans armes, sans haine et sans violence.

- 19 h rendez-vous avec La Canaille. Il est de ces « chanteurs » utile. Utile car il n’est pas résigné, il défend ses idées haut et fort. Ses mots sont sa force. Il les manie à merveille. Il me dit bien franchement dans les yeux « la politique merde » . Lui, ce qu’il veut, c’est une identité plurielle et multiple.

L’odeur des bons plats me trotte dans la tête et m’ouvre l’estomac pas le temps j’ai un rendez-vous avec les Magic System. Ils donnent ici le dernier concert de l’année avant l’enregistrement d’un nouvel album en janvier. La solidarité est le leitmotiv de leur combat. Leur musique symbolise la liberté. Ils le montreront lors de leur dynamique et chaleureux concert. Je pose une question qui va me bouleverser. Je leur demande ce qu’ils pensent des migrants, des sans papier et s’ils ont un message à délivrer. Ils m’expliquent en accompagnant leur propos d’un proverbe « Qu’il vaut mieux mourir dans la mer que de croiser les yeux de sa mère ». La phrase résonne en moi. Il ne faut pas traverser la méditerranée pour venir en France. Il n’y a rien ici me disent-ils. Les humains qui traversent la mer n’ont pas d’autres alternatives quitte à en mourir. L’accès au soin est quasi inexistant dans leur pays, la pauvreté est telle qu’ils pensent qu’en franchissant les flots ils trouveront un travail et enverront de l’argent au pays pour subvenir aux besoins de leur famille.

Fin de mes interviews je reprends l’arc en ciel et je vais rejoindre mes amis du CID pour leur conférence sur la Laïcité « Là où se prépare notre avenir en commun ». Ils présentent un ouvrage qui essaye de répondre concrètement aux réponses que l’on peut se poser à l’heure actuelle quand on est confronté aux questions de Laïcité dans l’exercice de ses fonctions et dans une association. De touchants témoignages ont émergé de cette présentation. Une jeune-femme s’est exprimée sur les blessures psychologiques qui lui avaient été faites après les attentats de janvier. Elle qui s’était toujours sentie bien dans la société du jour au lendemain des blagues de très mauvais goût lui sont faites « Dit donc tes frères ils ont bien réussi leurs coup » et autres bassesses dans le même genre. Qu’éprouve-t-on après de telles remarques ? C’est affligeant de voir de tels comportements, d’entendre de telles vilénies.

C’est l’heure pour moi d’aller humer les bonnes odeurs des différents restaurants aux origines diverses et d’y goûter avant d’aller à mon dernier concert. Après un bon repas accompagné par deux jeunes-hommes fort sympathiques qui plus est, la cordialité et le sens de l’humour étant de la partie, je retourne admirer les petits gâteaux aux amandes qui m’ont fait de l’œil (pourvu qu’il en reste). Et oui ils sont là ils m’ont attendue ! J’en ai mangé quatre ! Chut faut pas le dire !

Dernier concert de la nuit, Hk et les saltimbanks, en tant que photographe de concert. Je me faufile dans la fosse comme à mon habitude et là je pense au Bataclan, aux spectateurs, aux agents de sécurité, aux artistes, à mes confrères photographes. La vie se doit de continuer.

Merveilleux et rassembleur concert de HK. Ses chansons reprises en cœur par le public tel que « On lâche rien » . On se sent renaitre dans de tel moment. Il veut rallumer les étoiles, moi aussi. Des enfants de maternelle, invités par HK sur scène lèvent bien haut l’étoile.

Il faut s’indigner, nous sommes des citoyens du monde. Luttons sans armes et sans violence. Rentrons en résistance.

Audrey Moraux Décembre 2015 pour Le Kinorama

http://www.tisse-metisse.org/

http://www.lekinorama.com/

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